Serge Ladron de Guevara, directeur de production. Il marque un attachement sans faille à PBLV. Présent depuis le début, il a vu les décors se monter, et peu à peu les « habitants » du Mistral s’installer.
Quel est votre parcours ?
Serge Ladron : Je suis un directeur de prod « à l’ancienne ». J’ai un cursus classique, passant par tous les échelons : stagiaire régie, stagiaire mise en scène, régisseur adjoint, régisseur général, et enfin directeur de production. Ça m’a pris environ 12 ans !
Quand êtes-vous arrivé sur Plus belle la vie ?
S.L : Je suis arrivé au tout début. Les décors étaient en train de se monter, et toute la partie technique n’était encore que sur le papier. En fait, j’avais déjà travaillé avec le producteur, Hubert Besson, sur un projet pour France 2.
En quoi consiste votre travail ?
S.L : Un directeur de production gère le budget global, le fait respecter. Sur PBLV je suis impliqué aussi dans la lecture des textes, ce qui me donne plus de responsabilités et de liberté. Et je dois également gérer l’équipe technique et les comédiens. Mais je suis aidé dans mon travail par des personnes qui ont beaucoup de mérite : Jean Vintrou, qui est administrateur, et mes deux assistantes, Alexandra et Nadia. Sur PBLV, le travail de directeur de prod’ est atypique.
Au niveau du budget, quels sont les postes qui demandent les sommes les plus importantes ?
S.L : La partie technique et les décors sont pris en charge par France 3. Sinon, le cachet des comédiens occupe un poste important. Nous avons de temps en temps des dépassements de budget quand il y a trop de guest qui ne sont pas prévus initialement. Parfois je tire la sonnette d’alarme, d’autres fois, je laisse passer, si cela fait avancer le feuilleton.
En fait les dépenses sont toutes liées entre elles.
Avez-vous à annoncer aux comédiens que leurs personnages meurent ?
S.L : En général, c’est collégial. En fonction de mes relations avec les comédiens, cela m’est arrivé, mais le plus souvent, c’est le directeur d’acteurs qui s’en charge. La plupart du temps ça ne se passe pas mal. Car finalement, c’est une mauvaise nouvelle pour nous presque autant que pour le comédien, car nous nous attachons à eux.
Je joue parfois le rôle de juge de paix
Avez-vous à gérer des conflits ?
S.L : Je suis là depuis le début, donc j’ai la même antériorité que le producteur et le directeur artistique (DA). En fait, nous sommes 3 à représenter la production à Marseille : le DA, le directeur de postproduction et moi. Il y a une vraie entente, une connivence. Par exemple, moi je suis chargé de faire des économies tandis que le DA dépense de l’argent, mais tout se passe très bien ! Il y a également un chargé de production de France 3. Il n’y a pas de problèmes entre nous, car nous sommes tous dans le même bateau !
Quels sont les avantages de votre métier ?
S.L : Etre au cœur de tout. Je suis sur une plaque tournante, au centre de tout ce qui se passe. C’est très enrichissant. J’ai la possibilité d’intervenir sur le produit, d’y apporter une touche personnelle. De plus, je suis là depuis le début, et c’est une satisfaction de voir que ça marche bien !
Et les inconvénients ?
S.L : Je me réveille PBLV, je déjeune PBLV, je me couche PBLV... C’est très prenant ! Mais j’ai de la chance, car j’habite Marseille, donc je peux m’aménager des moments de détente.
Vous vous appelez de Guevara... Un vent de révolution souffle sur le Mistral ?
S.L : C’est d’origine espagnole, andalouse, plus précisément !
Tomas de Matteis directeur artistique (D.A.). Il était temps d’interviewer celui par qui toute l’équipe du HMC (habillage, maquillage, coiffure) ne cesse de jurer !
En quoi consiste le métier de directeur artistique ?
Tomas de Matteis : Je suis responsable de tout ce qui se voit à l’image. Je participe au casting des comédiens, et décide de l’habillage, du maquillage, des décors...Comme le réalisateur change toutes les semaines, je dois assurer une certaine continuité artistique. Il doit y avoir une logique dans le comportement des personnages, leurs vêtements, l’endroit où ils vivent... Je participe également à la lecture des textes, je peux faire des commentaires aux auteurs, si je pense qu’un personnage ne pourrait pas agir comme cela. Et je supervise le réalisateur et l’ensemble des corps de métiers qui participent à l’artistique.
Comment faites-vous pour vous tenir au courant des tendances de la mode en matière de vêtements ou de décoration ?
T.M : C’est un travail permanent. PBLV nous prend chaque minute de la journée. J’observe les tendances dès que je suis dans la rue, je feuillète des magazines en tous genres, je regarde la télévision, internet. Tous les supports de médias sont intéressants. Je m’inspire dans le quotidien, au sens très large.
Comment en êtres-vous arrivé là ?
T.M : J’ai produit des films institutionnels et réalisé des bandes annonces. J’ai également été D.A. sur des sites internet, comme ceux de Citroën, EDF, SFR.
Est-ce que vous discutez du look des personnages avec les comédiens ?
T.M : Bien sûr. Mais d’abord je définis une ligne directrice pour savoir à quoi doit ressembler le personnage, selon la vie que lui ont inventé les auteurs, son passé. Puis le casting permet d’affiner nos choix. On sait alors si le comédien sera grand, petit, blond, brun, car le physique n’est pas toujours déterminé d’avance. Ensuite nous avons des séances d’essayage avec les comédiens. Ils doivent être à l’aise dans leurs vêtements. Je discute également avec les responsables du HMC. C’est un travail d’équipe.
Un comédien peut-il refuser un élément du HMC ?
T.M : Ce n’est jamais catégorique, il y a toujours une discussion. On n’impose jamais une chose, sauf quand la situation l’exige. Par exemple, s’il sort de la douche, le comédien doit avoir les cheveux mouillés et porter une serviette.
Ce n’est pas trop difficile de gérer des comédiens souvent très attachés à leur image ?
T.M : Ce n’est pas toujours aisé, mais cela se fait en bonne intelligence. Nous sommes tous très impliqués dans PBLV, et nous voulons que le projet marche du mieux possible. Et on essaie de respecter notre parole. Par exemple, nous revoyons toutes les scènes qui contiennent un peu de nudité avec le comédien.
Les comédiens vous demandent-ils des conseils pour leur look en dehors de la série ?
T.M : Pas pour la vie courante, mais ils viennent me voir avant une séance photo, ou lorsqu’ils doivent représenter PBLV dans une soirée.
Vous devez avoir l’œil sur beaucoup de choses. Etes-vous sur le plateau, ou dans les loges HMC ?
T.M : Je suis partout à la fois ! Heureusement, je suis aidé dans mon travail, entre autre par mon assistante, Véronique. Je suis dans les loges, ensuite je vais relire les textes, puis je m’occupe du looking des nouveaux comédiens... Bref, tout va très vite.
Tomas de Matteis est désormais producteur d'Un si grand soleil (France 2), depuis 2018
Richard Guedj, directeur d’acteurs. Il les encourage, les chouchoute et parfois les gronde. Richard Guedj veille sur ses acteurs avec le soin d’une mère...
Directeur d’acteurs... un poste qui existe pour toutes les séries ?
R.G : Non, pour PBLV, c’est particulier. La production a voulu un directeur d’acteurs parceque le réalisateur change toutes les semaines, et qu’en plus, il y a des équipes différentes pour les scènes en intérieur et en extérieur. Il fallait donc que quelqu’un soit là pour assurer une unité dans le jeu. Mais ce poste ne doit pas exister sur beaucoup d’autres séries !
Concrètement, que faites-vous ?
R.G : Je dirige les acteurs sur le plateau. Je leur indique de quelle façon jouer, et j’assure la continuité entre leur passé et leur évolution. Car, tout comme les producteurs et le directeur de collection, je sais ce qui va arriver aux personnages. Parfois, certains réalisateurs reviennent deux mois plus tard, mais au rythme effréné de toutes les aventures, les choses ont bien changé. Par exemple, le réalisateur ne saura pas qu’entre temps Roland a appris qu’il avait un fils caché homosexuel, ce qui influe sur son comportement... Bref, je sers de garant de l’unité de jeu.
Si les acteurs veulent changer certains mots du texte, je dois le valider.
Quels conseils donnez-vous en matière de jeu ?
R.G : Ce feuilleton est fait d’histoires extravagantes, un peu comme au XIXème siècle. Par contre, il ne faut pas que le jeu des comédiens soit extravagant, sinon le public n’accrochera pas. Je suis un adepte de la sincérité, du vrai. On peut tout dire en étant sincère ! Il faut conseiller les comédiens. Par exemple, en arrivant, Alexandre Fabre (Frémont) avait des idées toutes faites sur la façon de jouer un avocat : il voulait rouler les yeux, faire de grands gestes... Mais je pense qu’il fallait quelque chose de plus simple.
Il ne faut jamais se croire plus intelligent que son personnage.
Un feuilleton, cela impose un rythme de tournage assez rapide. Comment faites-vous pour éviter les ratées ?
R.G : Les comédiens ont bien compris qu’ils ne pouvaient pas arriver sans connaître leur texte ! On ne tolère aucun bafouillage. Avant les séquences, mon assistante leur fait répéter les textes « à l’italienne » : ils les récitent sans y mettre d’intonation. Au bout de deux ans, les comédiens arrivent maintenant à apprendre un texte en 10 minutes ! Ils ont tous fait des progrès incroyables, ils sont devenus de véritables Ferrari ! Ils n’auraient jamais eu cette expérience sur un autre tournage.
Ils ne sont pas trop stressés ?
R.G : Finalement, ce rythme est une sorte d’exercice qu’ils maîtrisent désormais très bien. Par contre les guest sont un peu déboussolés au départ.
Et le trac, il est toujours présent ?
R.G : Louis Jouvet a un jour répondu à un acteur qui affirmait ne pas connaître le trac « t’en fais pas, le trac vient avec le talent ! ». Donc oui, chacun connaît des moments de trac. Il faut donc rassurer les acteurs !
Quand les acteurs le souhaitent, j’essaie d’accorder une prise supplémentaire.
Y a-t-il des scènes plus difficiles à tourner que d’autres ?
R.G : Tous les jours, au moins 6 sur les 12 que nous tournons ! Finalement, ce sont les scènes qui semblent les plus simple qui sont le plus difficile à faire. Il faut donner du relief aux paroles et aux gestes les plus banals. Sinon, ce sont les scènes d’amour. Les déclarations sont parfois faites dans un style ampoulé, et c’est un défi pour les acteurs de dire certains mots.
Richard Guedj et Sylvie Flepp (Mirta Torres)
Anecdotes :
- Richard Guedj a joué le rôle de Charles-Henri Picmal dans les saisons 1, 2 et 7. - Serge Ladron de Guevara a joué plusieurs petits rôles dans PBLV (silhouettes), avant de devenir producteur de la série en 2022. - Tomas de Matteis est désormais producteur de la série concurrente de PBLV, Un si grand soleil (France 2).
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