Maïa, que des Anglais trouvent ton accent très bon, ok, mais lorsque tu te trouves avec des Français, et qu'il faut utiliser un mot anglais, ne me dis pas que, si tu le prononces à l'anglaise, il n'y a pas, dans le meilleur des cas, de gentils sourires, et sinon des ricanements et commentaires du style "tu te la pètes"? Ou alors, il n'y en a pas, parce que ton entourage sait que tu as vécu là-bas... Nicolas, tu l'as constaté aussi...
Paty a écrit:
Il ne s'agit pas ici d'être bon ou mauvais en anglais, ou en d'autres langues ; simplement, quand un Français essaie d'avoir la bonne prononciation d'un mot étranger, on ricane autour de lui ; ça commence au lycée ou au collège, où on craint les moqueries des camarades, et ça continue plus tard. Je n'ai pas remarqué ça dans d'autres pays.
Alors là, je suis franchement stupéfaite ! Je n'ai jamais rien constaté de tel ! Et c'est la première fois que quelqu'un me dit ça. Toi qui parles couramment l'allemand, tu as remarqué ce genre d'attitude ?
Bon, déjà, je parle l'allemand, en effet, mais pas comme un natif, il me manque pas mal de pratique !
Non, je ne l'ai pas remarqué pour l'allemand, peut-être parce que, même si de moins en moins de gens le parlent en Alsace, il est quand même assez courant ici ? Et prononcer l'allemand avec la bonne intonation ne frappe pas trop. Alors que l'anglais, il y a vraiment une grosse différence avec le français, il faut, disent certains, "parler comme avec une pomme de terre chaude en bouche" Mais je l'ai aussi remarqué en espagnol (sans parler de la réputation qu'on se fait si l'on ose prononcer des mots venus de cette langue à l'espagnole : un patti-o -et non passio-, une paëya -et non paëla, etc.)
en France, les gens n'osent pas lâcher leur accent français en parlant d'autres langues, et s'ils prononcent, par exemple, l'anglais à l'anglaise, on se moquera d'eux ! [...] Et plus généralement, quelqu'un a une explication ?
Le débat date du 19e s. Avec la Restauration, vint la fin du blocus continental et le retour des relations commerciales franco-britanniques. C'est alors que furent introduits des mots anglais dans la langue française ainsi qu'une volonté moquée de changer la prononciation des noms propres anglais. En effet il était commun de prononcer "neuton" pour Newton ("nioutone") ou encore "biron" pour Byron ("bayrone"). Cependant les tentatives étaient souvent hasardeuses et jugées ridicules.
Sous le Second Empire l'enseignement des langues vivantes se développe dans le secondaire. Cependant il est loin d'être qualitatif. Les élèves français ont une si mauvaise prononciation (ils lisent les mots comme s'il s'agissait d'orthographe française !) que les langues vivantes sont retirées du baccalauréat en 1890. En 1902 a lieu une réforme importante dans l'enseignement des LV , au grand dam des professeurs de lettres et de latin. Le temps consacré aux LV passe de 3 à 5 heures hebdomadaires et surtout la méthode change, le mot d'ordre y est : "défense de parler français" ! Auparavant la prononciation était plutôt négligée, considérée comme une perte de temps par rapport à l'étude des textes écrits et de la grammaire.
Je récapitule les raisons des moqueries :
1) les sons et l'intonation de l'anglais sont différents du français, et cela sonne mal aux oreilles des locuteurs français
2) le ridicule, très souvent cité au cours du temps
3) l'intention perçue de s'adresser à un public de connaisseurs, ce qui peut être excluant et ressenti comme une attitude snob, pédante, méprisante ou condescendante
C est intéressant ce que tu dis , Je pencherais pour la 3e saison : public de connaisseur excluant les autres moins érudits et de là il peut y avoir une part de jalousie à ce sujet ou d'autres ne connaissant pas pareil ressentent aussi etre mis â part, pas â la hauteur engeendre aussi un mécontentement.
Le débat date du 19e s. Avec la Restauration, vint la fin du blocus continental et le retour des relations commerciales franco-britanniques. C'est alors que furent introduits des mots anglais dans la langue française ainsi qu'une volonté moquée de changer la prononciation des noms propres anglais. En effet il était commun de prononcer "neuton" pour Newton ("nioutone") ou encore "biron" pour Byron ("bayrone"). Cependant les tentatives étaient souvent hasardeuses et jugées ridicules.
Sous le Second Empire l'enseignement des langues vivantes se développe dans le secondaire. Cependant il est loin d'être qualitatif. Les élèves français ont une si mauvaise prononciation (ils lisent les mots comme s'il s'agissait d'orthographe française !) que les langues vivantes sont retirées du baccalauréat en 1890. En 1902 a lieu une réforme importante dans l'enseignement des LV , au grand dam des professeurs de lettres et de latin. Le temps consacré aux LV passe de 3 à 5 heures hebdomadaires et surtout la méthode change, le mot d'ordre y est : "défense de parler français" ! Auparavant la prononciation était plutôt négligée, considérée comme une perte de temps par rapport à l'étude des textes écrits et de la grammaire.
Je récapitule les raisons des moqueries :
1) les sons et l'intonation de l'anglais sont différents du français, et cela sonne mal aux oreilles des locuteurs français
2) le ridicule, très souvent cité au cours du temps
3) l'intention perçue de s'adresser à un public de connaisseurs, ce qui peut être excluant et ressenti comme une attitude snob, pédante, méprisante ou condescendante
Merci, c'est très intéressant !
Le ridicule, et la peur de l'inspirer, joue un grand rôle dans la culture française, je crois.
Les Allemands, par exemple, prononcent les mots anglais à l'anglaise, et personne ne trouve ça ridicule.
Et la troisième raison devrait disparaître dans les jeunes générations, les échanges en anglais se généralisant (études, vie professionnelle, internet...).
Oui, très intéressant, merci Danton ! Je m'étais toujours interrogée sur cette spécificité française, que j'ai observé gamine dès le collège et vu de manière constante depuis en France. D'autant que j'ai enseigné l'anglais un bon moment, et dans plein de milieux divers. Comme Paty, je n'ai jamais vu ça dans aucun autre pays. Le mélange de peur du ridicule, tellement française, et d'hostilité un peu jalouse, comme si la personne qui prononce bien tentait de se montrer supérieure à autrui ,est bien vu je trouve. C'est exactement le sentiment que ça me donne.
Je suis toutefois surprise de lire qu'à partir de 1902 l'accent (si je puis dire ) était mis sur la prononciation. Contrairement à ma grand-mère, je ne suis pas née en 1902 mais cinquante ans plus tard. Or je me souviens qu'au lycée, de la sixième à la terminale, nous étudiions plutôt des textes écrits (vocabulaire, grammaire...) et très peu l'oral. Tant et si bien que lorsque je me suis retrouvée en fac, il a été un peu compliqué pour moi de passer subitement à des cours magistraux sur tout un tas de sujets (économie, histoire, sémantique...) entièrement en anglais !
Trente ans plus tard, lorsque mes fils ont à leur tour étudié l'anglais, puis l'allemand, c'était totalement différent : on leur enseignait des phrases usuelles, à l'écrit et à l'oral. Tandis qu'un de mes premiers cours d'anglais de sixième était un chapitre de "Great expectations" de Dickens, d'où quelques phrases avaient extraites et traduites, que nous devions apprendre par cœur afin de mémoriser le vocabulaire !
Sans rapport direct avec ce précède, Albert de Monaco est un parfait bilingue français-anglais, vu qu'il a grandi des 2 côtés de la "Grande Mare". "Mais", il ne peut s'empêcher de bégayer (légèrement) quand il s'exprime en français, alors qu'en anglais, son "parler" est "fluide"... ..
Dernière édition par beced le 26/9/2024, 12:17, édité 2 fois
Sans rapport direct avec ce précède, Albert de Monaco est un parfait bilingue français-anglais, vu qu'il a grandi des 2 côtés de la "Grande Mare". "Mais", il ne peut s'empêcher de bégayer (légèrement) quand il s'exprime en français, alors qu'en anglais, son "parler" est "fluide"... .. . PS. Sauf s'il a récemment appris à gérer cette "anomalie". .
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